Objectif:
Cet enseignement est né d'une préoccupation
perceptible dans la discours des étudiants-architectes: la maîtrise des termes
du débat souvent posé par les professionnels préoccupés par l’influence des
formes et des espaces qu’ils créent sur
les habitants qui les utilisent.
Les outils théoriques et méthodologiques
proposés à l’étudiant devront lui permettre de saisir les rapports
qu’entretiennent l’habitat avec les usagers. L’hypothèse qui sous-tend cette
approche est que la médiation entre l'espace et les acteurs sociaux se fait par les pratiques, les discours et la
symbolique de l’objet architectural: l’habitation.
Contenu :
Une grande partie du cours cherche à expliciter
les contenus de l’espace de vie quotidien perçu et utilisé de manières
différentes par des résidents ou des collectivités de résidents ayant des
caractéristiques socio-démographiques, une expérience urbaine, une histoire individuelle et un ensemble
d’autres variables différentes.
C’est une réflexion, même si c'est d'une
manière indirecte, sur les distances et les distorsions qui existent entre
l’espace programmé par l’architecte d'une part, et l’espace utilisé et vécu par
l’usager d'autre part.
Progression :
La morphologie sociale:Le premier
fait qui s’impose à nous est que le logement et son environnement immédiat sont
façonnés en fonction des populations résidentes, c’est-à-dire en fonction de leurs niveaux de revenu et de
leur place dans un certain fonctionnement de la ville et de la société.
Qui sont ces populations on plus exactement ces
habitants ? Et quels facteurs paraissent déterminer leur appartenance aux
principaux groupes ou classes sociales ?
Le Logement : Après
cette description des habitants, il nous faut aborder les caractéristiques et
les conditions de leur habitat, l’adéquation ou la non-adéquation de cet
habitat par le biais de l’étude de
« la satisfaction », et les différentes pratiques du logement et
leurs significations.
Y’ a-t-il différents modes d’habiter ? Que
signifient les notions d’ « appropriation de l’espace » et de
« socialisation de l’espace » ?
Le quartier: Le logement abrite une vie intime et
domestique. Les habitants (n’y passent qu’une partie de leur temps
hors-sommeil) il est nécessaire de dépasser
cette limite et de voir en quoi consiste l’environnement immédiat du logement
dénommé communément « Quartier ».
Le terme « quartier » a acquis une
multiplicité de signification dans le langage des sciences humaines. Quels sont
les différents contenus qu'il véhicule?
Connaître
la pratique du quartier de résidence, apprécier les relations qui s’y trouvent
et voir dans quelle mesure il est le prolongement et la projection extérieure
du logement.Peut-on parler de « vie de quartier » ? Quelles
activités se développent dans le quartier?quelles sens ont-elles pour les
résidents?
MotivationS |
Pourquoi proposons-nous un cours sur l’espace
du logement
La première raison est que nous avons considéré qu’il y a dans ce
thème un apport des sciences humaines à l’architecture qui n’est pas
négligeable.
En effet, la question qui est souvent posée au spécialiste des sciences humaines
par l’architecte est : quel estl’influence des formes et des espaces que
je crée sur l’habitant qui les utilise ?
Ce cours est en partie une tentative de réponse
à cette question. Il nous permettra aussi de mettre en cause la vision
technicise qu’on a souvent du cadre bâti et qui le réduit à l’exécution d’un
projet en répondant comme il faut à des normes d’occupation du sol, en utilisant
un bon plan, certaines techniques de construction et un bon matériau.
En cherchant donc la réponse à la question précédente, nous avons été
conduit à choisir une perspective encore peu adopté : L’espace du logement
et du quartier est vu du côté de ses habitants au niveau de leur vie
quotidienne : Lieu où l’on habite et cadre de vie, espace utilisé et
ensemble d’hommes avec qui on peut établir des relations.
La seconde raison est que la crise du logement dans
notre pays a atteint des proportions inquiétantes. Ces principaux signes
sont :
·
Une inadéquation de plus en plus accentuée entre les besoins en
habitat et les réalisations effectuées : exemple le déficit
besoins/réalisations entre 1979 : 311.538 logements. Cette pénurie de
logements s’amplifie encore plus par l’accroissement de la concentration
urbaine.
·
Une spéculation effrénée s’exerce sur le
foncier entraînant des prix de revient du logement fortement élevées sans autre
justification que les bénéfices spéculatifs - Ajoutons à cela la pénurie périodique
des matériaux de construction, les caractéristiques des entreprises de
constructions et le coût de la main d’œuvre, et nous avons les raisons
principales qui ont aidé à cette hausse vertigineuse et presque irrationnelle
du coût du logement.
La conséquence immédiate de tout ce qui précède
est l’élimination de couches de
plus larges de la population tunisienne
de l’accès au logement.
Enfin la
troisième et dernière raison, et peut-être la plus importante, vient de la
nécessité de réfléchir et de comprendre notre espace et notre architecture en
tant que patrimoine culturel et civilisationnel afin afin de pouvoir participer
à une production architecturale qui relève le défi imposé par
« l’occidentalisation de l’habitat en Tunisie ».
Si la présence coloniale française a réussi à
pervertir l’architecture de la maison traditionnelle, c'est que cette action a
été rendue possible grâce à l'infiltration progressive et sournoise des modes
d'habiter européens.
D’une façon générale le contact direct de
couches de plus en plus larges de la
population tunisienne avec les modèles de consommation européen s’est opéré
grâce à l’effet de démonstration dû à l’implantation des nouveaux quartiers aux
portes la médina (Avenue de la Marine). Petit à petit, meubles articles de
ménage et quincaillerie fabriqués par l’industrie européenne ont inondé le
marché tunisien et pénétré la maison traditionnelle concurrençant les articles
de fabrication locale et artisanale.
De même les nouvelles constructions avaient
tendance à utiliser des matériaux importés
d’Europe et à s’inspirer des modèles architecturaux occidentaux
accentuant par la décadence de l’architecture traditionnelle et des métiers
traditionnels du bâtiment.
I NTRODUCTION
Notre hypothèse générale est que l’espace n’est
pas simplement, même s’il l’est également, un donné avec lequel une population
entre en rapport, mais qu’il est une certaine organisation délibérée (avec ses
composantes économiques, techniques, sociales, urbanistiques, etc.)
c’est-à-dire un produit.
Les relations d’une population déterminée avec
ce produit dépendent des caractéristiques finales de celui-ci, mais aussi, à
travers celles-ci, des finalités qu’il a été censé servir, des contraintes que les responsables se sont fixées ou qu’ils
ont indirectement subies, de la nature
même des catégories de population qui ont été concernées par cet espace et
appelées à habiter le cadre qu’il constitue.
Parce que le logement et son prolongement
immédiat,le quartier, sont un produit qui obéit à un ensemble de finalités
sociales implicites et à un certain ordre de la société, il ne peut-être
envisagé sous le seul point de vue de son apparence perceptive - Il est en réalité le cadre de vie, dans ses
multiples aspects, des populations urbaines.
Ce cadre de vie en plus des
particularités urbanistiques, architecturales, socio-démographiques qu'il
véhicule et manifeste, occupe une place particulière dans notre histoire
contemporaine. Il fait aussi l'objet d'une action institutionnielle qu'on
appelle communément la politique de l'habitat
Les trois moments de la question du logement
1. Fonctionnalisme et
" habitat pour le plus grand nombre ":
Les années qui suivirent la seconde
guerre mondiale ont vu le démarrage d'ambitieux programmes de Reconstruction.
Cette conjoncture va susciter un intérêt grandissant pour la recherche sur le
logement.
Un grand nombre d'écrits et d'études
vont mettre l'accent sur la situation des mal-logés, des bidonvilles, des
taudis... tout en argumentant en faveur de la construction de grands ensembles
considérés alors comme la solution incontournable à la crise du logement.
L'architecture et l'urbanisme
progressiste et fonctionnaliste étaient devenus au cours des années 50 et 60 le
remède miracle aux disfonctionnements de l'habitat et de la ville. Implicitement
l’idée était : un bon espace est un « espace fonctionnel » qui
répond à des besoins et des normes universels.
Abordée sous cet angle, la
problématique du logement impliquait une direction de recherche qui s'appuie
sur des études démographiques et descriptives pour faire l'inventaire des
besoins, en vue de la production d' " habitat pour le plus grand nombre
".
Un peu partout, on chercha à mettre
en place une politique sociale du logement par le biais de la mobilisation des
institutions, des instruments juridiques et des capitaux publics. la promotion
de l'accès au logement public se fit sous deux formes principales: l'aide à la
pierre ou l'aide à la personne.
Cette période d'euphorie se heurta à
trois limites au moins: le niveau de la richesse nationale ( part publique ou
privée à investir); le niveau de solvabilité des ménages et des bénéficiaires
des aides; le mécontentement et les explosions de violence dans les cités HLM
réalisées.
2. L'émergence de l "Habiter":
Les chercheurs et experts mis face à
la crise du logement finirent par reconnaître que le rapport entre habitat et
habitant est régi par une articulation complexe, qui ne peut se résumer
à une réponse technique standardisée et normalisée à des besoins[1] universels.
Cette articulation utilise un
certain nombre de médiations qui relèvent de dimensions aussi différentes que
les dimensions psychologiques, sociologiques, économiques, politiques...
L'erreur théorique et méthodologique
des adeptes de la Chartes d'Athènes provient du fait qu'ils considérent
l'habitation comme un problème d'équipement, une "machine à habiter"
comme l'affirme Le Corbusier.
Suite à ces remous sociaux[2] les années 70 vont mettre à l'ordre
du jour une approche du logement où les instances sociales et psychologiques
vont peser d'un poids certains.
C'est l'époque de
l'"Habiter" et de la fameuse thèse de Heidegger: "habiter"
c'est "exister".
L’approche en terme
d’"Habiter" a permis de comprendre et de comparer les modes de vie
matériels de groupes humains, ainsi que leur évolution. Elle a mis en évidence
l’impact sur la morphologie et la typologie de l’habitat de réalités telles
que: le rapport au corps comme le rapport au divin ; les structures de
relation entre les sexes (espaces secs et humides), le mode et le degré
d’organisation de la famille... Toutes ces réalités transforment le besoin
universel de se loger en une demande particulière d’habiter débouchant sur une
réponse spécifique : une habitation située dans le temps et dans l’espace
des hommes et des civilisations.
Le nouveau concept parce qu'il
rétablissait le logement dans sa pluridimensionnalité, inaugurait une voie
nouvelle: l'étude de l'habitat dans sa signification relative à des
aspirations, des désirs de compensations, des représentations idéologiques...Se
développait de même un appareil méthodologique et des techniques
d'investigation qui intégraient les apports de disciplines comme la sémiotique,
la psychanalyse et la psychologie sociale.
3. Le logement face aux défis de la mondialisation et de l' explosion
urbaine:
La dernière décennie que nous avons
traversée a surtout été marquée par des transformations politiques, sociales et
spatiales rapides et profondes à l'échelle internationale.
Deux phénomènes nous intéressent
d'une façon toute particulière, c'est la mondialisation et l'explosion urbaine
pour l'impact qu'elles ont sur l'offre et la demande de logement.
La mondialisation, dans sa dimension économique, se manifeste par une extension sans
précédent dans l'Histoire du libéralisme entraînant ainsi le déclin sinon la
disparition des formes traditionnelles de production et d'appropriation du
logement.
Sur le plan culturel, la
mondialisation des images médiatiques venues des pays riches bouleverse, à
travers le monde, les représentation vécues en matière de mode de vie et
d’habitat : même sous forme rêvée, fantasmée, ce sont les normes
occidentales en matière de construction, de dispositif de confort, etc.qui
prédominent.
L’homogénéisation des modalités de
rapport au logement est redoublée par l’homogénéisation de la matérialité,
réelle ou idéale, du logement (images des villas de rêve dans les feuilletons
américains, mexicains ...). Son corollaire est la généralisation des formes
occidentales de consommation : demande nouvelle en matière d’équipement domestique,
de pratiques alimentaires et vestimentaires, de consommation culturelle
(consommation de masse, standardisation et universalisation des produits).
D'autre part, l'urbanisation accélérée se caractérise par un départ de la campagne
vers la ville sans retour. C'est la fin du mythe de l'équilibre ville-campagne.
la demande de logement enregistre un accroissement exponentiel
Les difficultés -d'autres diraient
les choix- des pouvoirs publics en matière de politique de l’habitat
(difficultés financières, limitation des investissements sociaux et du déficit
public, privatisation ...) vont avoir pour conséquences le grossissement de la
masse des déshérités urbains et la prolifération de formes anarchiques et
illégales d’habitat ("villes parallèles").
Les mêmes autorités politiques se sont trouvées
devant la situation paradoxale suivante: Comment améliorer les conditions
d’habitat, réaliser les infrastructures urbaines et les équipement collectifs
nécessaires sans que cette action n'attire encore plus de migrants vers la
ville ?
A NALYSE QUANTITATIVE
DU LOGEMENT |
L'ensemble des normes et critères disponibles
pour faciliter l'appréciation de la situation de l'habitat s'articule autour de
3 axes principaux:
a)
Les critères se référant à l'évolution de la
population: structurel, démographique, mouvements migratoires (CSP, classes
sociales, hiérarchies différentes)ainsi que les sources où sont puisés ces
critères.
b)
Les critères se fondant sur les
caractéristiques du patrimoine immobilier d'habitation disponible, ainsi que
les conditions de son utilisation.
Les critères qui restituent le logement dans
son environnement.
a)Critères
relatifs à la population
L'évolution des besoins en habitat vont
dépendre en premier lieu des caractèristiques démographiques de la population
considérée.
Nous avons d'abord les indications classiques
d'évaluation de la population: taux de natalité et de mortalité, taux de
fécondité; auxquels il faut ajouter les indicateurs de phènomènes de migration
des zones rurales vers les zones urbaines.
Il faut attirer l'attention sur le fait que la
relation entre croissance de la population et évaluation des besoins en matière
de logement se fait à travers les structures familiales et des ménages.
Ce qui précéde ne veut nullement dire qu'il est
inintéressant de disposer d'une norme ou d'une base de référence de la famille
type. On la calcule généralement en divisant la population résidente par le
parc-logement à un moment t.
Mais examinons en premier lieu les différentes
sources qui servent d’outil de connaissance de la population:
a.1.
Le Recensement Général de la Population et
de l’Habitat :
Lors de chaque recensement général de la
population, une information considérable et intéressante est rassemblée que
l’Institut National de Statistique présente sous forme de tableaux. Mais il
faut souligner que lorsqu’on travaille sur un îlot d’habitation ou un quartier
les tableaux statistiques ne sont pas d’un grand secours étant donné la
globalité de leurs données.
Que faire ? A ce moment, on peut avoir
recours directement au fichier de l’INS
dont l’exploitation directe peut être une solution puisqu’elle nous permet de
disposer d’informations précises grâce aux fiches nominatives.
Une première remarque s’impose, c’est que les
fichiers sont conçus par des enquêteurs qui les ont organisés en fonction
d’usages précis : l’outil commande alors l’objectif que l’on se donne, il
n’est donc pas ordonné à une problématique que l’on choisit.
Une seconde remarque vient du fait que le
recensement ne donne qu’une « photo » à un moment donné de la
personne ou du ménage. Il permet de savoir par un certain nombre d’éléments la
situation du ménage ou de l’individu. Mais le recensement laisse sans réponse
un certain nombre de questions comme par exemple : l’activité exercée dans
la passé ; l’ancien logement dont on ne connaît ni la taille ni le
confort ; etc... Ce sont les limites du fichier du recensement.
Par contre, l’enquête permet, à partir d’une
hypothèse et une problématique qu’on a choisies soi-même, d’enregistrer un certain
nombre d’informations qui prennent en considération l'aspect dynamique de la
situation résidentielle en reconstituant l’unité de la personne ou du ménage
dans le temps au lieu de la figer dans le présent.
D’une façon générale, les analyses de processus
ne peuvent se faire sur la base des données du
recensement.
Cependant, comme nous l’avons vu, les
renseignements tirés du recensement, aussi partiel soient-ils, permettent de
mettre en évidence des types de population, de répérer leur aires d’implantation et d’apprécier
approximativement leurs besoins.
a.2. Le fichier des candidats au
logement :
Dans certains cas (comme par exemple pour les
opérations d’habitations de promoteurs immobiliers publics ou privés) nous
pouvons disposer du fichier exhaustif des acquéreurs de logements et donc de
données les concernant.
Dans ces cas, la règle veut que chaque candidat
à un logement remplisse une fiche et un dossier
pour que sa demande soit prise en considération. Sur la fiche de
renseignements à remplir par les deux conjoints les questions sont nombreuses
et intéressantes. Elle concernent généralement : Nom et prénom, date et
lieu de naissance, nationalité, adresse, profession, revenu mensuel, retenues
sur salaires, propriétés immobilières, date et lieu du mariage, nombre et
qualité des personnes composant le ménage.
Face à cette masse d’informations on risque de
conclure de conclure rapidement que cette source est riche et variée. En fait,
ces données doivent être maniées avec prudence car il arrive que certaines
réponses soient mal remplies ou absentes parce que le candidat a intérêt à ne
pas donner l’information ou que le promoteur immobilier n’y attache pas
d’importance. Par exemple, le travail de la femme n’est pas déclaré dans le cas
où le salaire du mari est suffisant pour rassurer la société sur sa
solvabilité; ou le nombre de personnes hébergées est sous évalué lorsqu’il est
important.
En outre, les termes utilisés dans
ces fiches pour parler de la situation professionnelle manquent souvent de
précision lorsqu'une nomenclature précise n’est pas donnée : on utilise
des catégories trés approximatives comme employé de bureau, de commerce, ou
celui d’ouvrier.
Mais malgré toutes les imperfections
citées précédemment cette source est très riche et son analyse est d’autant
plus intéressante que l’on peut en disposer assez facilement dans toute grande
opération d’habitation.
L'examen des sources nous permet d'identifier
des populations du point de vue des caractéristiques socio-démographiques en
isolant, par exemple, les trois variables suivant:
·
Les caractéristiques d’âge :
Exemple : La structure par âge suivante
: Moins
de 1O ans : 31%
Moins de 15 ans : 42%
Moins de 25 ans : 56%- Moins
de 40 ans : 84%
Cet exemple montre la faiblesse relative des
effectifs entre 15 et 25 ans, période d’entrée au travail.
On cherche souvent à prendre en considération
l'âge à partir duquel la demande de satisfaction du besoin en logement
peut-être prise en considération .La réponse dépend de la société concernée et
de son niveau de développement .
Dans les pays à système capitaliste, c'est la
capacité financière qui détermine la satisfaction du besoin en logement
.L'acquisition pouvant être réaliser soit pour disposer d'une résidence
principale ou secondaire, ou bien encore pour une opération de spéculation.
Dans les pays où la politique de l'habitat
planifie demande et offre de logements, on cherche à respecter une certaine
justice et équité sociale en fixant des critères pour l'attribution des
logements bénéficiant d'une aide publique ( critères de l'âge, de
non-propriété, de niveau de revenu, nombre d'enfants, etc.)
·
La taille des ménages :
C’est le nombre moyen de personnes/ménage. Si
nous faisons par exemple, une enquête dans des logements fournis par la Caisse Nationale de Retraite, nous
trouverons sûrement une taille de ménage élevée. La raison est que ce genre
d’organisme s’intéresse en priorité aux mal-logés, aux familles nombreuses et
chargées d’enfants dont les revenus sont relativement bas. C’est une population
dont les caractéristiques s’opposent sûrement à celles qu’on trouvera dans des
logements fournis par des promoteurs privés.
·
La composition sociale ou les Catégories
Socio-Professionnelles et le budget :
A quelles catégories de population les
logements sont-ils destinés ?
C’est une question qui revient souvent et qui
nécessite une grille de professions ou une nomenclature : Ouvriers,
employés, cadres moyens, cadres supérieurs, professions libérales, commerçants,
artisans, agriculteurs ...
En déterminant la CSP on demande souvent quel
le montant du revenu.
Il existe selon les problématiques et les
sujets d’intérêt une batterie de questions et de variables encore plus large.
Pour illustrer l’importance de l’étude de la
population, supposons que l’on s’intéresse à l’étude des facteurs de
ségrégation sociale et spatiale. Nous constaterons que l’analyse des
caractéristiques des différentes populations est inévitable si l’on veut savoir
par exemple si les différences de revenus et de structure de la famille sont à
la base de la tendance des hommes à se regrouper entre semblables, surtout dans
une société qui creuse les écarts de revenus et leur donne une signification si
forte.
Nous pouvons aussi à partir du constat de ces
différences sociales nous poser des questions sur le rôle des constructeurs et
des gestionnaires du parc logement dans les phénomènes de ségrégation spatiale
et sociale constatés dans les villes.
b) Les critères relatifs à la situation
résidentielle:
Chaque société dispose à un moment donné de son
développement d’une population d’une taille et d’une structure particulières et
d’un parc logement répondant à certaines spécificités quant à son volume, à son
état, à sa typologie ou aux conditions de son utilisation.
La relation à tirer de la confrontation entre
les deux grandeurs population - parc
logements, figurant sur le tableau ci-après, donne les indications
suivantes :
|
Année a |
Année b |
Population résidente |
X1 |
Y1 |
Parc immobilier |
X2 |
Y2 |
Taille des ménages |
X1/X2 |
Y1/Y2 |
·
Le taux d’occupation par logement :
« T.O.L. »
Il
établit le rapport entre la population globale et le parc de logements habités
et nous permet de mesurer le
« surpeuplement des logements ».[B1] Exemple: entre les deux
recensements de 1966 et 1975 le T.O.L. est passé de 6,15 à 6,67
personnes/logement à Tunis.
·
Le taux d’occupation par pièce: «
T.O.P »
C’est le
rapport de X1 sur le nombre de pièces du
parc logement. La " norme
internationale en la matière est de = 1 personne / pièce.
·
le taux d'entassement: Z
Si Y1 > X1
et Y2 > X2 alors Z = [ Y1/Y2 - 1 ] x 100 X1/X2
Ce calcul peut être fait proportionellement à chaque type de logement ou
par localité, région...
Il correspond à l'augmentation de la
taille du ménage par logement et se manifeste par la réduction de l'espace
vital habitable, la détérioration des conditions de confort et de la qualité de
la vie telles l'intimité, la cohésion, l'harmonie, la communication. Dans des
pays telle que la Tunisie la tendance est à la "mononucléarisation"
et à la dislocation de la famille élargie, ce qui a pour effet une diminution
de l'entassement.
·
Le nombre de logements disponibles par millier
d'habitant (N)
N
= X2
x 1000
X1
On peut examiner la variation de N entre deux
recensements ou comparer N dans des
pays différents.
·
Le nombre de ménages pour mille logements
disponibles: (M)
.M = Y1
x
1000
Y2
Il est possible ici aussi d'étudier les
variations sur une année, région ...
Quand M augmente d'année en année, Z augmente
ce qui correspond à l'aggravation
de crise du logement.
·
La superficie couverte par habitant :
« S.C.H. » Elle met en relation la surface totale des
logements par rapport au nombre de personnes y résidant.
·
La superficie nette habitable par
personne : « S.N.H.P. » Elle s’obtient en retranchant de la S.C.H
les superficies nécessaires à l’habitat mais non directement et continuellement
utilisable par l’habitant : balcon, cuisine, placard, salle d’eau couloir,
entrées, garage, cage d’escalier etc...
·
Le volume disponible par habitant:
« V.D.H. »
C’est
un critère qui combine superficie et hauteur des logements.
·
Taux de vieillissement du parc immobilier comme
critère d'appréciation:
Il
peut rendre compte de l'état de vétusté du parc logement dans la mesure où l'on admet, en général, que le niveau de
qualité de l'habitabilité d'une demeure diminue avec son vieillissement et,
qu'au fil du temps, la construction intégre des éléments de confort découlant
des progrés enregistrés dans le domaine.
On considère généralement qu'on peut
appliquer le qualificatif "vètuste" à toute habitation ayant dépassé
50 ans d'âge.
·
Réseaux divers et qualité d'habitabilité:
Le
rattachement aux réseaux d'eau, d'électricité, de gaz et d'assainissement sont
souvent prix en compte pour évaluer la qualité du parc immobilier.
Il
existe encore un ensemble d’autres critères qui permettent de caractériser le
logement et que nous citons sans entrer dans le détail : Le statut du
logement (location, propriété) ; les éléments de confort (W.C.,
douche ou baignoire chauffage, téléphone...); le type (haouch, maison
traditionnelle, villa, appartement ...
c) Critères relatifs à l'aménagement
de l'environnement
Le logement quelque soit son confort et son
équipement interne, ne peut à lui seul satisfaire toutes les conditions
d'habitabilité. L'environnement extérieur participe pleinement à faire qu'une
habitation soit d'une bonne qualité résidentielle.
En effet, les moyens de transports collectifs,
les moyens d'éducation pour les enfants, les moyens de culture et de loisir,
les moyens d'hygiène et de santé publique, les moyens d'information,
d'expression, de sécurité gagnent à être assurés dans l'environnement des zones
habités pour garantir le bien être et l'épanouissement des résidents.
Par conséquent, le besoin de logement ne peut
être dissocié des autres besoins d'habitation et de vie. Ainsi offrir des
logements sans un aménagement minimum de l'environnement, peut aboutir, aussi
paradoxalement que cela puisse paraître, à une détérioration, au plan global,
de la situation de l'habitat.
Pour cette raison, il ne faut nullement
négliger les problèmes d'aménagement et d'urbanisme, la réglementation relative
à l'utilisation des sols et aux lotissements, ainsi que les grilles
d'équipement, qui ont une grande influence sur la situation de l'habitat et sur
son niveau de développement.
a nalyse qualitative du logement |
a)l’etude de la satisfaction de l’habitant :
Le logement, aussi spacieux soit-il, aussi
confortable soit-il, aussi équipé soit-il ne suffit pas, à lui seul, pour
rendre compte du degré d’habitabilité entendu comme évaluation du niveau de
satisfaction du ménage dans sa globalité et de chacun de ses membres en
particulier.
Pour connaître le niveau de satisfaction des
habitants les enquêtes sociologiques se sont efforcées de traduire les opinions
des habitants eux-mêmes par rapport à leur logement.
Pour pouvoir évaluer correctement le niveau de
satisfaction il faut rechercher les jugements émis dans des logements de types
différents et habités par des habitants ayant des situations sociales et
personnelles différentes afin de pouvoir mesurer les différences.
La satisfaction exprimée est influencée par
plusieurs facteurs autres que le logement. Ainsi il arrive que des personnes
ayant des conditions de logements médiocres les jugent bonnes parce que leur
jugement est influencé par leur attitude à l’égard du quartier.
Sur un autre plan, la satisfaction est
dépendante de la place de chaque habitant dans la hierarchie sociale :
supposons qu’un logement d’un certain type représente pour les couches sociales
moyennes auxquelles il est destiné un niveau de confort bien supérieur à celui
des anciens logements et par là, jusque dans l’effort budgétaire, une promotion.
On peut s’attendre à ce que cette catégorie de
logement soit en général plus favorablement jugée par ces couches moyennes que
par les couches sociales supérieures parce que plus aptes à s’installer
ailleurs. Pour ces dernières le logement concerné est considéré dans ce cas
comme une étape dans la carrière résidentielle.
Les couches sociales très défavorisées risquent
elles-aussi d'avoir une évaluation critique de ses conditions de logement parce
que soumises à des difficultés budgétaires très grandes.
Nous pouvons donc dire que généralement les
habitant formulent une appréciation positive du type d’habitat dont ils
bénéficient dans la mesure où celui ci vise, dans l’ordre des budgets et de la
hiérarchie sociale, ce profil de population.
Autrement dit, la satisfaction que les
représentants d’une catégorie de la population éprouve est suscitée par la
signification que prend aux yeux de cette population le niveau de confort et de
peuplement de leur logement dans le contexte actuel des possibilités objectives
que cette catégorie aurait ailleurs en ville.
On peut avancer que la relation symbolique
subjective (la satisfaction) d’une population à son cadre de vie exprime et
confirme cet ordre des choses qui lui est réservé par la politique de
l’habitat, en fonction de la place qu’elle occupe dans la société.
Cette concordance ne veut pas dire que cette
catégorie de logement soit la meilleure possible, ni même la seule possible.
Une évolution des exigencesde la population pourrait se produire sous l’impact
de divers facteurs- comme par exemple l’élévation du niveau de vie- entrainant une transformation de l'attitude
des habitants à l'égard de leur situation résidentielle.
b) Les pratiques du logement
Pour étudier les pratiques qui se développent
dans le logement, il faut aborder les deux dimensions suivantes :
l’appropriation de l’espace du logement et la socialisation de celui-ci.
b.1
L’appropriation de l’espace du logement :
La condition nécessaire à l’appropriation de
l’espace du logement n’est pas la propriété qui apparaît plus comme un moyen
que comme une fin (« marquer » l’espace, ce n’est pas se référer à
une abstraction, la propriété). Dire, par exemple, que les animaux ont
l’instinct de propriété, qu’ils défendent « leur » espace, c’est interpréter
des comportements qui sont simplement relatifs à des opérations.
Si nous définissons en général la notion
« d’appropriation », nous dirons que c’est une pratique spatiale
découlant de l’insertion d’un individu dans un espace et se traduisant par des
conduites d’aménagement.
Ainsi l’appropriation apparaît comme la
projection de la conduite humaine sur l’espace. Elle peut revêtir plusieurs
formes.
·
Le regard est la forme minimale d’appropriation
de l’espace extérieur.
·
L’aménagement de l’espace par la personne grâce
à la disposition d’objets représente d’une part une image de soi offerte ou
imposée d’une certaine manière à l’autre et d’autre part, un rapport plus ou
moins intense avec cet espace.
·
La délimitation de sous-espaces à l’intérieur
d’un espace qui se manifeste par :
Þ La fermeture
topologique (un obstacle au regard de l’autre et la domination visuelle à
l’intérieur du domaine délimité).
Þ Le marquage des
lieux
Þ La liberté
d’accomplir certains actes à l’intérieur de cet espace.
Goffman (E. Goffman « la mise en scène de
la vie quotidienne » Paris - Editions de minuit 1973) a tenté de
développer la notion d’appropriation de l’espace en avançant l’idée qu’elle
consiste en l’utilisation d’un ensemble de « marqueurs ».
Goffman divise les « marqueurs » en
plusieurs catégories :
·
Les marqueurs centraux : ce sont les
objets placés au centre de l’espace dont ils annoncent la revendication (c’est
le cas du bouquet de fleur dans certains bureaux par exemple).
·
Les marqueurs frontières ou bornes : ce
sont les objets qui marquent la limite entre deux espaces adjacents. Notons que
lorsque les marqueurs frontières sont placés de part et d’autre d’un individu
ou bien devant et derrière lui, ils ont une fonction d’espacement et assurent
un espace personnel à leur utilisateur.
·
Les marqueurs signets représentent à travers un
objet de véritables signatures (exemples, noms gravés sur une table, affaires
personnelles posées sur un siège de train).
L’appropriation de l’espace ne se réduit pas au
marquage, elle se fait aussi par la familiarisation avec l’espace et la
construction pour en faire un univers personnel. Un individu n’aménage pas
seulement un lieu, il dispose les choses d’une certaine manière et y ajoute des
intentions et des intensités personnelles. A travers ces comportements se profile
aussi une façon de vivre les relations sociales.
Examinons comment se concrétise l’appropriation
de l’espace dans le cas du logement ?
A ce niveau, l’habitant s’approprie l’espace de
sont logement par un certain nombre d’opérations dont les principales sont : l’aménagement, l’entretien et le bricolage.
·
L’aménagement : l’appropriation dans ce
cas consiste à pouvoir aménager, transformer et décorer son espace.
Le
propriétaire d’un logement ressent en général comme une obligation de marquer
son espace, sans doute parce qu’il témoigne pour lui, qu’il exprime sa
personnalité ou son désir d’affiliation (espace de représentation).
Les
aménagements sont de type différent, nous ne pouvons pas mettre sur le même
plan « mettre le confort » (installation de la salle de bain,
placard, cuisine, etc ...) par exemple et « transformer »
complètement l’organisation des pièces telle qu’elle a été imposée par
l’architecte ;
·
L’entretien : Dans l’entretien s’expriment
à la fois une tendance vers le rangement et l’organisation de l’espace, et un
rapport culturel entre le propre et le sale. (Ce rapport est culturel parce que
l’espace du propre et du sale sont variables suivant les cultures).
L’entretien
est pour de nombreuses femmes ce que le bricolage et pour l’homme.
·
Le bricolage : c’est un moyen de marquer
son espace, de l’aménager et cela peut représenter une économie.
Le
bricolage exprime aussi un investissement affectif dans le chez soi.
b.2.
La socialisation de l’espace du logement :
L’appropriation de l’espace dépend en premier
lieu des opération que l’habitant peut y faire pour le marquer, le clore, le
transformer etc... la socialisation c’est la capacité de l’espace, de recevoir
un réseau de relations sociales, qu’il s’agisse, des relations à l’intérieur du
groupe familial, ou des relations qui règlement les rapports de la famille avec
l’extérieur (famille au sens large, amis, relations, voisins, visiteurs,
etc...).
Les différents espaces du logement sont ainsi
organisés en fonction d’un ou de plusieurs modèles culturels. L’opposition
entre « public » et
«privé » joue dans ces modèles un rôle important.
Dans un habitat de type occidental cette
organisation peut se résumer dans le tableau suivant :
ESPACE PUBLIC |
ESPACE SEMI-PUBLIC |
ESPACE PRIVE |
Entrée, salon ou à
défaut salle à manger |
Salle de séjour Chambre d’enfants |
Cuisine Chambre conjugale |
Le propre et l’ordre sont des qualités
essentielles des espaces publics et autant que possible des espaces
semi-publics.
La répartition des rôles à l’intérieur de la
famille se superpose à cette organisation de l’espace et assigne aux
différentes pièces d’autres contenus :
DOMAINE DE LA FEMME |
DOMAINE DE
L'HOMME |
DOMAINE DU COUPLE |
DOMAINE DES ENFANTS |
DOMAINE DE LA FAMILLE |
Cuisine |
Bureau |
Chambre conjugale |
Chambre des enfants |
Salle de séjour |
L’opposition travail/loisir en tant
qu’activités de type différent divise également l’espace du logement. Cette
division recoupe l’assignation des espaces en référence aux rôles
masculin/féminin, à l’organisation familiale etc...
|
TRAVAIL |
LOISIR |
Femme |
Cuisine |
Salle de séjour |
Homme |
Bureau à défaut chambre |
" |
Enfant |
Chambre |
" |
Famille |
|
" |
De plus la socialisation de l’espace implique
l'orientation selon 2 axes :
·
Un axe vertical : exemple : la maison
à l’étage est associée à la fatigue, la maison au RDC à la disponibilité et à
la facilité.
·
Un axe horizontal (devant - derrière.):
Le logement n’a ni un devant ni un derrière prédéterminés, c’est une opposition
qui se construit par les significations suivantes :
DEVANT |
VOIR-ETRE VU |
PUBLIC |
ESTHETIQUE |
Derrière |
Ne pas voir / Ne pas être vu |
Privé |
Fonctionnel |
b.3.
Les rapports de voisinage
Dans la socialisation du logement la dimension
du voisinage joue un rôle stratégique, puisque l'habitant est appelé à
développer dans son quartier un certain nombre de relations qui ne doivent pas
être en contradiction avec la recherche d’une maîtrise de l’univers privé.
c'est à cette condition que le voisinage contribue à la satisfaction que
l’habitant retire de son logement.
Quel est le contenu de la vie de voisinage et
des relations avec les voisins ?
On définit la vie de voisinage par le
réseau d'échanges de services et
d’information, et par un degré minimum d'acceptation des conduites personnelles
entre-ceux qui vivent les uns près des autres, quelque soit la manière dont
cette proximité est définie.
Le rapport de voisinage est régie par une
double tendance : l’habitant veut bénéficier de la sollicitude des autres,
il veut être admis d’une part, mais il craint cette que ouverture du groupe de
voisinage diminue son autonomie propre d’autre part.
Cette double exigence implique une
« diplomatie dans les relations de voisinage » qui est une sorte de
limites qu’on s’impose dans les rapports concrets.
Existe-t-il différentes sortes de rapports de
voisinages ? Représentent-ils des degrés différents d’implication pour
l’habitant ?
On dénombre généralement quatre types de
relations entre les voisins:
·
Le refus de rapports avec les voisins :
l’habitant refuse le contact et dénigre le voisin dans ses moeurs et ses coutumes.
Ce voisin et considéré comme un voleur de chez soi, il trouble l’intimité par
le regard, l’ouïe, le bruit qu’il fait. Il impose son existence à l’intérieur
du logement.
·
L’échange
minimum avec le voisin : se dire bonjour - bonsoir.
·
L’échange moyen: les services rendus ou
demandés
·
L’échange maximum: recevoir et être reçu, et la
possibilité de transformation des relations
de voisinage en relation « entre amis ».
Comme
nous le remarquons les relations de voisinage se manifestent par des actes et
des attitudes qui matérialisent en quelque sorte, son étendue, son contenue et
sa fréquence. Ils nous permettent de relever un certain nombre de pratiques qui
ont un caractère transitionnel mêlant l’intérieur du logement et son
environnement immédiat.
c.
Le quartier
c.1.-
La notion de quartier
Le terme « quartier » a acquis une
multiplicité de significations dans le langage due au fait que le terme renvoie
à une réalité changeante en fonction des réalités socio-urbaines et des aires
culturelles.
Si on prend, par exemple, le terme
« houma » (quartier en arabe) employé par les habitants de la médina,
il ne recouvre pas la même réalité socio-urbaine que le terme quartier
employé pour désigner un lieu ou un territoire
déterminé en France.
De plus, l’habitant de l’agglomération accorde
une place particulière à son quartier parce qu’il constitue son cadre de vie et
le lieu où se passe une partie non négligeable de son quotidien. Il cherche
donc à l’investir psychiquement et socialement, étant de surcroît le prolongement
immédiat perçu et vécu de son logement.
Le quartier contient plusieurs réalités et
relève de différentes approches que M.J. Bertrand a synthétisé dans son livre
« Pratique de la ville » (Masson, Paris, 1978) en distinguant :
« le quartier sociologique, qui
est le plus élaboré, est fondé sur la notion de proximité, de voisinage, car
les phénomènes de partition sociale, politique ou économique rassemblent dans
des types d’habitat caractérisés, dans certains îlots ou groupes d’îlots, des
personnes appartenant à des catégories socialement proches ou
complémentaires » ; mais aussi « le quartier géographique qui apparaît souvent dans un nom, un lieu-dit
.... mais psychiquement cette appartenance (à un quartier) fait que sortir de
son quartier devient pour certains une aventure, toujours un dépaysement. Pour
la ménagère, faire un achat ou une visite « dans le quartier » ou
« en ville » n’a pas la même valeur psychosociale, les comportements,
la manière de s’habiller ne sont pas les mêmes, surtout pour les classes
populaires, les plus captives de leur milieu. Nombre d’habitants ignorent les
autres quartiers de leur cité et cette connaissance diffère selon qu’il s’agit
de l’homme ou de la femme. Dans les grandes villes où aires de résidence et
aires d’activité sont dissociées - problèmes des villes dortoirs et des
migrations alternantes - la femme organise la vie résidentielle et domine dans
la conception mentale du quartier » ; et enfin « le quartier,
secondement, à une réalité
socio-administrative par la polarisation qu’exercent les équipements ...
Les services de plus en plus nombreux réclamés au monde urbain moderne ne sont
pas tous distribués à domicile, certains sont dispensés par des établissements
localisés dans l’espace en fonction des habitants-clients... L’organisation de l’espace est donc liée aux
comportements de consommation des résidents qui habitent, mangent, lisent, se
distraient, ... ».
Les définitions que donne M. J. Bertrand du
quartier montrent qu’il est varié et complexe et ne peut être le fait d’une
seule discipline ou d’une seule approche.
c.2.
Les pratiques du quartier
La notion de quartier renvoie à deux aspects
importants : le quartier en tant qu’unité de consommation et le quartier
résidentiel.
Ces deux aspects impliquent des pratiques de
nature différente parce qu’elles touchent des niveaux différents de la vie de
l’habitant.
c.2.1.
Pratique de la vie sociale de
quartier
S’interroger sur la pratique de la
vie sociale de quartier conduit à aborder deux niveaux d’analyse : les
relations sociales dans le quartier et l’intensité de la participation sociale
à la vie de quartier.
Dans tous les cas, les rapports de
voisinage sont un indicateurs intéressant de la pratique de la vie sociale qui,
associé à l’analyse de la sociabilité de quartier, permet d’apprécier
l’ambiance spécifique de vie collective de quartier.
Pour rendre plus complète la
définition du quartier l’analyse des pratiques et des habitudes de consommation
est nécessaire.
c.2.2. Les pratiques de consommation
Avant d’aborder les pratiques de
consommation proprement dites, une description du niveau et du type
d’équipement est indispensable.
·
Les pratiques d’achat
La fréquentation du commerce de quartier
organise l’espace de consommation de l’habitant et implique des pratiques d’achat
spécifiques où des facteurs tels que la proximité du commerce, la nature des
produits achetés et le rapport au vendeur jouent un rôle important.
L’autre intérêt de l’étude des pratiques
d’achat au quartier est la mise en relief de la sélection sociale que ces
pratiques opèrent parmi les habitants consommateurs.
·
Les pratiques culturelles et ludiques
La réalité de l’équipement de l’espace urbain
nous pousse à évaluer les possibilités réelles qu’elle recèle en matière
d’activités culturelles et de loisirs.
De plus, l’aire civilisationnelle à laquelle
appartient la Tunisie implique un contenu particulier de ce que l’on entend par
pratiques culturelles et de loisirs de l’habitant.
Dans tous les cas, la réaction du résident
vis-à-vis de l’existence ou de l’absence de pratiques culturelles et ludiques
est à prendre en considération.
Les pratiques culturelles et de loisirs
constituent la forme la plus expressive de l’utilisation du temps hors travail
et ont donc des significations et une ampleur à préciser selon les catégories
sociales des populations concernées.
C ONCLUSION |
|
Le logement: une vieille question sociale en des
termes renouvelés
L'actualité nous apprend chaque
jour, qu'aussi bien dans les villes du monde développé que celles du Tiers-Monde, les problèmes de logement sont l'ordre du
jour. Il ne serait pas faux d'affirmer qu'en cette fin de siècle, la politique
de l'habitat est en face de situations sociales souvent alarmantes.
Cette hiérarchie dépendant en grande
partie du niveau de solvabilité de la population.
En effet, si on exclut un faible
pourcentage de population qui dispose d’assez de moyens pour s’offrir un
logement à sa convenance, on peut dire que la grande masse des candidats au
logement est organisée d’une façon fortement hiérarchisée à l’égard de l’accès
au différents catégories de logements.
On peut aujour'hui distinguer six
strates principales correspondant à des catégories de logements et des
populations résidentielles distinctes:
1/ Les couches sociales qui
disposent de revenus suffisants et stables qui les autorisent à devenir
propriétaires de leur logement, en dehors de toute aide publique ;
2/ Les couches sociales qui peuvent
louer un logement du secteur privé
3/ Les couches sociales qui peuvent
prétendre soit à l’achat, soit à la location d’un logement ayant bénéficié
d’une aide publique.
Ces trois catégories de population
sont assez proches les unes et les autres, et le passage de l’une à l’autre,
grâce aux mobilités sociales et résidentielles, reste possible.
Par contre,
4/ Les personnes et les ménages ne
disposant que de faibles ressources se trouvent réduits à rechercher un
logement dans les multiples formes d’habitats hors normes.
5/ Ceux qui n’ont aucun moyen
d’accéder à aucun segment du marché du logement et qui se trouvent renvoyés à
la rue.
Cette classification est valable
pour les pays dits « industrialisés ou avancés » ; dans ceux
qu’on désigne par pays en voie de développement, il faudrait ajouter:
6/ Une catégorie de citoyens pour
qui l’important n’est pas de disposer d’un droit régulier au logement, mais de
trouver où se fixer au sein de l’espace urbain[3].
Nous sommes donc en présence d'une
crise du logement qui se posent en des termes nouveaux puisqu'elle est
actionnée par des facteurs différents de ceux qu'on avait connus, par exemple,
à la fin du 19ème siècle.
Les manifestations de la crise
peuvent être résumées dans les traits suivants:
·
La mondialisation et son corollaire, la
délocalisation des activités économiques entraînant la perte d’emploi d’un nombre
de plus en plus important de personnes, c’est une nouvelle menace pour leur
situation résidentielle;
·
Le renchérissement des coûts des logements
offerts et la sélection de plus en plus forte des candidats à l’épargne -
logement limitant les possibilités d’accès des couches moyennes et populaire à
un logement décent ;
·
La crise économique des pays
« socialistes » qui a généré une crise du logement pour des couches
sociales qui se sont crues pendant des dizaines d’années protégées ;
L’élargissement de la pauvreté et de
l’exclusion à des espaces économiques et des couchez sociales qui se croyaient
à l’abri de ces phénomènes de rejet. On trouve aujourd’hui des Sans Domicile
Fixe aussi bien à Calcutta, qu'à New-York et à Moscou.
La recherche d'une réponse à la crise du logement
Une idée nouvelle est en train de
voir le jour : l’urgence est d’abord dans le traitement de la ville plus
que dans la recherche de réponse directe à la question du logement. Ce qui est
donc considéré comme priorité, c'est la satisfaction des besoins de base des
communautés urbaines : aménagement de voiries, adduction d’eau et
d’électricité, construction de réseaux d’assainissement, organisation de
transports en commun, création d’équipement et de services publics dans les
quartiers les plus défavorisés.
Dans les pays en voie de
développement de tels aménagements urbains sont une reconnaissance de fait, par
les pouvoirs publics, de ce qui n’était jusqu’alors que quartiers irréguliers,
hors la loi.
Une autre composante des nouvelles
politiques du logement et de la ville vise la création de disponibilités
foncières ouvertes aux plus démunis (petites parcelles de 100,200,300m2). On
pense qu’avec cette garantie de la propriété foncière, la population est
capable de s’organiser afin de répondre à sa demande d’habitat en comptant sur
ses propres capacités[4].
Dans les pays développés, pour
affronter la crise et trouver des solutions dans des situations souvent de
tension sociale et politique: on a opéré une sorte d'inversion des priorités de
l'économie libérale en faisant jouer la prééminence du droit au logement sur le
droit de propriété. L'appareil législatif mis en place a permis la réquisition
de logements inoccupés au bénéfice des personnes sans abri.
Enfin, l'approche actuelle de la
problématique de l'habitat tend à mettre en relation la question du logement à
la question de l'emploi ( ou de la lutte contre le chômage ) et à la question
de la ville. Et ce n’est qu’en réfléchissant aux différentes interactions entre
ces trois niveaux qu’une solution à la crise du logement peut être trouvée.
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
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Etude sur l’habitation effectuée par : « Le bien de la
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« Sociologie
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Pour
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Paris, Dunod, 1972. |
Raymond (h), Haumont (N. et a) ; Raymond (m
g), |
« L’Habitat
pavillonnaire » |
Paris, Centre de Recherche d’Urbanisme,
1966, 150 p. |
Raymond (M. G.) |
« La
politique pavillonnaire » |
Paris, Centre de Recherche d’Urbanisme,
1966, 360 p., bibliog. |
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« L’analyse
de contenu et les entretiens non-directifs : application du symbolisme
de l’habitat » |
in Revue Français de Sociologie, IX,
1968, pp. 167-179, bibliog. |
SOMMAIRE P RESENTATION MotivationS I NTRODUCTION Les trois moments de
la question du logement 1. Fonctionnalisme et " habitat pour le plus
grand nombre ": 2. L'émergence de l "Habiter": A NALYSE QUANTITATIVE DU
LOGEMENT a)Critères relatifs à la
population a.1. Le Recensement
Général de la Population et de
l’Habitat : a.2. Le fichier des
candidats au logement : b) Les
critères relatifs à la situation résidentielle: c) Critères relatifs à
l'aménagement de l'environnement a nalyse qualitative du logement a)l’etude de
la satisfaction de l’habitant : b) Les
pratiques du logement b.1 L’appropriation de l’espace du logement : b.2. La socialisation
de l’espace du logement : b.3. Les rapports de voisinage c)Le quartier c.1.-
La notion de quartier c.2. Les pratiques du
quartier C ONCLUSION |
Pages 1 4 6 12 19 |
Le
logement: une vieille question sociale et des termes renouvelés La recherche d'une réponse à la crise du logement |
|
[1] La notion de
besoin est sujette à de grandes variations de son contenu, selon de multiples
paramètres : dans l’ESPACE et dans le TEMPS, en fonction du contexte
historique, social et culturel, de même que la possibilité de faire valoir et
prendre en compte l’exigence de ce besoin dépend du contexte dans lequel il
s’exprime.
[2] On enregistre un essoufflement du projet de développement global
promue dans les années soixante et qui était assorti de sa composante urbaine
et architecturale, qu’on pourrait résumer dans le mot d’ordre « l’habitat
pour le plus grand nombre ».
[3] L’objectif étant de construire un abri, avec ou sans droit de
propriété, de façon évolutive, à la mesure des économies du ménage et des aides
que l’on recevra et que l’on donnera en retour. Pour ces grandes masses de
déshéritées, « le droit à la ville prime sur le droit au logement ».
[4] Cette démarche d’auto-promotion semble intéressante parce que
souple et évolutive dans le temps en fonction des moyens dont disposent les
ménages intéressés.
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